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Lundi 04/02 : Homéopathie et effet Placebo

Il faut être au courant de la puissance de l’effet placebo (en latin = je te plairai). L’effet placebo c’est quand on ressent vraiment les effets d’un médicament (ou d’autre chose), juste parce qu’on est convaincu qu’il y a des effets. On peut avoir l’impression qu’il fait plus chaud, ou qu’on a moins mal à la tête, ou qu’on ne va pas tomber malade cet hiver, etc.

Exemple : Lors d’une expérience, on a fait goûter à des gens différentes bouteilles de vin étiquetées avec des prix différent. A l’intérieur, le vin était toujours le même (mais ça, ils ne le savaient pas). On leur a demandé de dire quel vin ils préféraient. Les gens ont dit qu’ils préféraient le vin le plus cher. Du coup, on a mesuré l’activité cérébrale dans la zone du plaisir et on a constaté plus d’activité lorsque le vin était étiqueté plus cher. Donc, les gens ont réellement préféré le vin plus qu’ils croyaient plus cher, alors qu’ils ont bu plusieurs fois le même vin !

Dans une autre expérience, on a dit à des sujets qu’on voulait étudier les effets de l’alcool sur le comportement. On a réuni des gens qui ne se connaissaient pas dans un bar et on leur a proposé des bières. Seulement, les bières étaient sans alcool alors que les gens pensaient boire des bières alcoolisées. Sept personnes ont participé à l’expérience mais il y avait deux complices, qui étaient là pour influencer les autres. Au début, l’ambiance était un peu tendue, puis, au fur et à mesure des bières, les gens parlaient de plus en plus et de plus en plus fort, commençaient à rigoler pour rien, etc. Là, les expérimentateurs ont commencé leurs tests : marcher sur une ligne droite, lire un texte un peu compliqué, mémoriser des listes de mots, etc. Les gens ont eu des résultats très faibles, comme s’ils étaient complètement ivres. Pourtant, l’alcootest indiquait zéro ! Aucun milligramme d’alcool dans le sang. C’est le cerveau qui a tout imaginé. Les gens, s’attendant à boire de l’alcool et anticipant ses effets, ont agi comme ils auraient agi ivres. Ils se sentaient même incapables de rentrer chez eux en voiture, alors qu’ils étaient complètement sobres.

Qu’est-ce que l’homéopathie ? On peut résumer l’homéopathie « soigner le mal par le mal » (homéo = similaire, et pathie étant le suffixe utilisé pour les méthodes visant à traiter des maladies). Mais on devrait plutôt résumer l’homéopathie par « soigner le mal par rien du tout ».

L’inventeur de l’homéopathie est Samuel Hahnemann (en 1796). Il était convaincu qu’on pouvait soigner le mal par le mal. Dans les cachets d’homéopathie, il y a, à la base, une substance censée faire l’effet inverse de l’effet désiré. Exemple : Pour dormir, on met des excitants. Pour calmer la fièvre, on met quelque chose qui la provoque. Pour calmer une piqûre de venin, on met du venin. Etc.

Le problème, c’est qu’au début de ses recherches, il s’est rendu compte qu’il ne soignait pas ses patients, mais que leur état empirait. Ça faisait le mal + le mal. Il s’est dit que le problème ne venait pas de l’idée de base mais plutôt du dosage. Et il s’est rendu compte que plus la substance active était diluée, moins les effets néfastes étaient constatés (évidemment). Il a donc inventé la dynamisation : il secouait la solution énergétiquement avant chaque dilution et c’est à partir de ce moment-là qu’il a fait de nets progrès en termes de guérison des patients.

Dans les médicaments homéopathiques, la substance de départ est diluée par exemples à 5CH, 9CH, 15CH, 30CH. Cela signifie qu’on a mis une goutte de substance dans 99 gouttes d’eau, puis on a pris une goutte de ce mélange qu’on a mis dans 99 gouttes d’eau, puis etc avec à chaque fois une goutte du nouveau mélange dans 99 gouttes d’eau. On a répété ce procédé 5, 9, 15 ou 30 fois.

Si on considère qu’il y a 20 000 gouttes d’eau par litre, une dilution à 5 CH correspond à 1 gouttes pour 500 m3 ; une dilution à 9 CH correspond à une goutte dans la moitié du lac Nicaragua, une dilution à 15 CH correspond à une goutte dans 3600 fois toute l’eau du monde et une dilution à 30 CH correspond à une goutte dans 1000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000 gouttes ou encore une goutte dans 5000000000000000000000000000000000000000000 km3 d’eau

Donc, pour qu’il y ait un seul atome de principe actif dans un cachet d’homéopathie dilué à 30CH, il faudrait 1000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000 atomes dans le cachet. Donc un cachet en forme de boule devrait avoir un diamètre égal à la distance entre la Terre et le Soleil : 150 000 000 km.

Et l’oscillococcinum est dilué à la 200e K (à peine plus concentré qu’à 200 CH).

Donc, l’homéopathie, ce sont des cachets vides, sans aucun principe actif à l’intérieur.

Alors pourquoi l’homéopathie fonctionne ? Les homéopathes expliquent que c’est grâce à la mémoire de l’eau : c’est l’idée que l’eau est capable de retenir l’empreinte d’une substance et de restituer cette empreinte alors que la substance ne s’y trouve plus. Ça marche en diluant ou en dynamisant. Le problème, c’est qu’aucune expérience sérieuse n’a réussi à obtenir les mêmes résultats.

Est-ce que l’homéopathie fonctionne ?

OUI. Car des gens en prennent et guérissent, se sentent mieux, etc.

Pourquoi ça fonctionne ? L’homéopathie est née au XVIIIe siècle. A l’époque, la médecine constituait à faire des saignées, trouer le crâne, etc. Donc ça empirait souvent plus que ça n’améliorait. Pour guérir, il vaut mieux ne rien faire que de faire du mal. De plus, les homéopathes prennent du temps avec les patients, les font se sentir en confiance, installent un climat agréable, et disaient (au début) au patient d’adopter un régime sain, de ne pas rester enfermés à l’intérieur, etc. C’est forcément mieux que des saignées. L’effet placebo fait le reste. De plus, le corps est capable de guérir tout seul de beaucoup de maladies. Donc, prendre un cachet qui ne fait rien nous fait voir des effets, juste parce que le corps travaille à combattre la maladie.

Comment sait-on tout ça ?

On a réalisé plusieurs expériences pour tester scientifiquement l’homéopathie. Comment faire pour ne pas tomber dans les biais cognitifs ? Comment tester l’efficacité d’un médicament ?

A chaque fois, on prend un ensemble de malades qu’on divise en deux groupes de façon aléatoire. On dit aux deux groupes qu’ils vont recevoir le même médicament. Un groupe le reçoit effectivement, l’autre groupe reçoit une pilule sans rien à l’intérieur. On compare ensuite les améliorations dans les deux groupes. S’il y a statistiquement plus de personnes guéries dans le 2e groupe, le médicament est efficace au-delà de l’effet placebo. Pour les médicaments homéopathiques, après 225 études de ce type, aucune différence n’a été aperçue entre les deux groupes.

Conclusion : Prendre de l’homéopathie (et y croire) peut être préférable pour des cas bénins, surtout si les seuls médicaments réellement efficaces s’accompagnent d’effets secondaires. Mais c’est dangereux contre de vraies maladies. Et surtout : les homéopathes se font beaucoup d’argent grâce à l’effet placebo.

On a même remarqué qu’un placebo était plus efficace si on expliquait au malade que ce dont il souffre est bénin, si on l’écoutait attentivement décrire ses symptômes, si on lui faisait payer un prix élevé, si on lui administrait un produit quelconque, si la blouse du médecin qui le prescrivait était bien blanche, si le niveau de luxe dans lequel la consultation a lieu est important, ou si on a eu du mal à obtenir un RDV, ou en fonction de la couleur et du goût du médicament.

SOURCES :
La statistique expliquée à mon chat
Kurzgesagt
Sam – Point d’interrogation
Le top 5
Climen